13.5.10

Une heure trente et des mots.

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Ton silence me fait perdre mon temps, me fait perdre la raison. De l'ignominie de ton revers, de la violence de ton absence pourrit sur moi comme tache venimeuse, emportant la rationnalité et toutes les idées concises que je puisse avoir.

Tu n'es plus ce que tu étais, tu morphes en une couleuvre m'enrobant des pieds à la tête, spiralant autour de mon être, de mon âme imprécise, de mon corps sali par la romance et l'insouciance. Et à force de regarder ce vide immense entre nous deux, je finis par oublier ce que nous fûmes et ce que nous ne fûmes pas, comme un oracle magique.
De la douleur lancinante de t'avoir perdu reste l'envie des autres et la solitude dans la foule, peu nombreuse mais dense, étouffante, les souvenirs et tout le bataclan inutile. Beaucoup de bruit pour rien, beaucoup de bruit pour toi, pourtant encore faut-il que je cries, que tu voies, que tu cesses d'être sourd et aveugle, qu'enfin je t'assomme à coups de décibels, de grands coups de mots en plein visage pour que je m'expies. Pour qu'en remontant à la surface, je prenne cette grande respiration urgente assoiffée de vie.
Nous ne sommes vus qu'une heure trente.

6.5.10

L'espace du temps ou silence en quatre doses.

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1. Joli cliché, pas un mot
Embrase le silence
Passion en huis-clos
2. La distance de tout son long
S'abreuve au pied des missives
Pas un bruit, un son
3. Imagination si fertile
Et grandes espérances
S'avèrent affection futile
4. Sans t'entendre, sans crier
Ton absence est rage
Me fait même pleurer.

4.5.10

Caught in a bad romance.

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J'ai vécu récemment une aventure qui a mal tourné. Comme écrire est une purge à émotions, un catalyseur efficace, j'en reparle encore ici, de façon perso. Oui, je reparle encore de toi, je te couche dans mes mots, dans mes maux, dans l'essence de ma plume agile tout autant que ma langue, tu l'as bien vu, tu as bien lu.


C'est d'ailleurs comme ça qu'on s'est connu. Je t'ai trouvé dans les followers d'un comédien connu, toi tu me trouvais cute, ça fait que tu m'as demandé quand j'écrirais à nouveau. On s'est mis à correspondre et de fil en aiguille, de fuseaux en broderie, c'est devenu personnel. Très personnel. On jonglait avec les mots, les poésies du nu, du fantasme et de l'interdit. Je savais que tu étais amoureux d'elle, ou le disais-tu, à travers un de tes nombreux sites. Tu l'as ensuite mentionnée à quelques reprises. Ça ne nous empêchait pas d'espérer de s'entrevoir, de se voir, de se vouloir. Ça me frenait pas tes ardeurs, ça ne faisait qu'attiser les miennes. Je ne me sentais que grisée par l'attention que tu me portais, toutes tes petites notes, tes "bon matin" et tes missives de plus en plus régulières. Tu me partageais ton quotidien avec spontanéité, tes joies et tes peines coulées vers moi dans des courriels.


And all I do is check the screen to see if you're okay.


C'était devenu une correspondance sucrée et salée à la fois, le bonbon et le chip, tout ce qu'il y a de plus délicieux entre deux êtres aux âmes égarées. Chaque "Je t'embrasse" enlaçait toute l'intimité de ce que nous étions devenus, mi-amis mi-amants. Et parfois même, nous poussions l'audace à se parler au téléphone. Mon meilleur souvenir de toutes ces semaines reste un appel surprise de ta part un soir où je m'y en attendais pas du tout, alors que t'étais away from home. Je ne te l'ai jamais dit, mais après avoir raccroché, j'ai dansé un peu.


Let's talk about biology, make believe you're next to me. Phonography, phonography, talk that sexy talk to me.


On a poussé l'audace jusqu'à émettre la possibilité de se rencontrer, d'étirer le désir jusqu'à un meeting en tête à tête, de s'é-mots-stiller jusqu'à un corps à corps brûlant de toutes les lettres, tous les points, les virgules et les arobas échangés, à défaut de salive et de peau. Dans le dos de ta copine, on s'est mis à rêvasser à trouver la vérité entre les arcs-en-ciel et les licornes, les tigresses et les coquineries. J'étais inconsciente ou naïve, ou les deux à la fois, peut-être trop curieuse mais je t'ai attendu, après 7 heures de route, dans une chambre d'hôtel, où tu viendrais me rejoindre après ta soirée. J'ai mangé un peu, j'ai roulé sur le lit, j'ai regardé la télé, longtemps, j'ai même chanté un peu pour tromper l'attente. Et quand t'es arrivé, j'ai perdu tous mes moyens. En allant chercher un ouvre-bouteille, j'ai dansé encore. T'étais si beau, si... tout. Ça n'a pris qu'un verre de vin et demi pour que des baisers de politesse je glisse ma bouche jusqu'à la tienne, goûtant ainsi après maintes semaines à tes lèvres douces et sucrées.

If I get on top, you're gonna lose your mind.

Quand tu es parti, en vitesse et après t'être lavé de toutes traces de moi, comme un bon garçon du sunday school, je me suis écrasé sur le lit en laissant échapper un: "Chu dans MAAAARDE, chu vraiment dans MAAAARDE." Je savais ce qu'il venait d'arriver. J'étais effectivement dans la merde. J'étais sur le point de flancher. Si tu m'as découvert chatte plutôt que tigresse, c'est à cause de ça. J'étais perdue et je n'avais plus aucun contrôle.

You can call me your fool. I only wanna be with you.

Et j'en étais terrifiée, à un point tel que, malgré la fatigue et ses aléas, je n'ai pu fermer l'oeil avant 2 bonnes heures. Je savais qu'en tombant amoureuse de toi, j'étais dans le trouble et pas à peu près. J'étais au point de limite entre le sol et le vide, près d'un fossé qui m'avalerait sans remords, j'en étais sûre. J'étais en train de succomber à un incube, venu me dérouter de mon objectif de singularité de vie, de solitude et d'abandon. J'étais apeurée parce que je savais consciemment que notre histoire était sans issue. Ou elle se terminerait ou elle continuerait et je serais prise au piège. Dans les cas, je n'en sortais pas indemne. En même temps, je ne pouvais cesser de te désirer et de te vouloir tout près, ce qui était un euphémisme pour parler de souffrance certaine.

I want it bad, your bad romance.

Le lendemain, étourdie par mon ivresse sexuelle et amoureuse de la veille, j'ai pris l'autobus jusqu'à plus loin, déprimée et franchement hangover. J'ai pleuré comme un bébé en lisant ton message, me disant que tu avais passé un très bon moment. Dans mes sanglots, à travers la musique, je pensais à toi, si loin et si près à la fois. Ce n'est que quelques jours plus tard, alors que je rentrais chez moi , que j'ai reçu la bombe, par texto encore une fois: elle avait tout découvert. Je ne pouvais qu'attendre le développement de cette romanesque fable qui aurait comme morale: n'admire pas la chaleur du feu, tu pourrais te brûler. Et le lendemain, sans surprise, un e-mail court, stérile et révélateur. C'est le seul que j'ai conservé d'ailleurs, la cinquantaine d'autres effacés et maudits. C'est fini. Sans explications autre que celle de la veille et une note pour me dire que tu avais eu le choix et que ton choix, c'était elle.


Hey, slow it down, whataya want from me?

Depuis, sans trop savoir pourquoi, sans être capable de mettre les mots exacts sur ce que je ressens, j'erre un peu, les yeux tristes, le vague à l'âme et des envies de pleurer inopinées. Parce que je n'ai plus toi, pour me soutenir, m'écrire, me faire rire et rêver, je n'ai plus ta "présence" quotidiennes dans mes hauts et mes bas, je ne lis plus tes joies et tes peines, tes humeurs et tes fantaisies. Peut-être en colère un peu, contre toi, contre moi, d'avoir abandonné, de t'avoir laissé entrer dans ma vie, did I make it that easy? I did. Et une fois de plus, j'étais seule, clueless et flétrie.

Toi dans ta ville et moi transsibérienne, qui t'aime et qui t'adore et qui se hait d'aimer si fort. L'amour est comme je le redoutais, imparfait.

Je ne sais plus à quoi tu penses, à quoi tu vaques tes journées, si tu penses encore à moi un peu, si parfois j'effleure ton esprit, et quand ça arrive, me chasses-tu? Tout ce que je sais, c'est qu'après ce jour, tu m'as effacé de ta vie, de tes réseaux et de ta mémoire peut-être. Je n'ai aucun doute qu'un jour, bientôt, je réussirai à ne plus penser à toi, vois ça arrive même moins souvent déjà. Je sais qu'un jour, bientôt, je n'aurai plus ta voix et tes chansons dans la tête, ni d'autres chansons tristes qui me rappellent que tu me manques. Et je rencontrerai encore quelqu'un, qui annulera les autres garçons et les autres peines. Pour sûr. Mais permets-moi encore de te demander, juste un instant, juste un petit peu.. t'ennuies-tu de moi?

And it's sad to walk away with just the memories. Please remember...