4.2.07

Au pluriel.

Je vis ma vie défiler devant mes yeux comme si je l’avais déjà vécue. Je la déroulais devant mon conscient comme une bobine de film se déversant dans mon inconscient. J’étais subjuguée par cette vie, chaotique, parsemée de virages en épingle, qui me fondait dans les mains, filait entre mes doigts. Ça grouille, c’est plein de batailles et de contradictions. J’étais, je suis, je serai, au pluriel.

J’étais la gentille fille qui pliait devant la grâce de la méchanceté et qui traversait la pluie d’injures et de cruauté. Je pataugeais dedans, sans même réaliser que l’eau s’infiltrait de toutes parts, insidieusement, jusqu’au creux de mon cœur. J’étais celle qui avait mal en silence, jusqu’à en vomir ses noires pensées sur le papier ou le clavier. J’étais la deuxième maman, le refuge, les peurs, les pleurs. J’étais l’adolescente, mal dans sa peau, rejetée, qui hurle en silence. J’étais le cristal brut qui luit dans la noirceur. La tempérance, la tempête, la pluie. La bagarreuse essoufflée. Celle qui, malgré tout, souriait, l’âme sauvée par la musique et par l’amour.

Je suis mon âme et mon corps à la fois, le transparent et l’opaque, l’or et l’acier. Je suis la femme que j’ai sculpté à partir d’une montagne d’années, celle que vous avez aussi modelée, sans le savoir, en catimini. Je suis la colère apaisée, le calme qui coule doucement. Je suis aussi la guerrière brave au front d’une bataille éternelle. Je suis feu, vent et eau. Je suis humaine, j’ai mes qualités, mes défauts. Je suis le bras qui agrippe au dernier moment. Je suis la girouette qui virevolte avec le vent. Je suis la bibliothécaire sérieuse, qui fouille, qui classe les documents intérieurs, ceux qui ne sont jamais à l’ordre. Je suis l’éternelle insatisfaite, exigeante et franchement déplaisante. Je suis la déjantée, prête à faire sauter la ville, à faire disjoncter la planète sur un coup de tête. Je suis aussi la coquine qui te regarde dans les yeux en te faisant plaisir, celle qui se dénude sans gêne et qui agit sans pudeur. Je suis la cantatrice qui se plaît à chanter les hymnes de sa vie, les mots qui couvrent son quotidien.

Je serai la femme réussie, l’absolution espérée. Je serai Maman, femme et amante. Je serai prolifique, profonde et réfléchie. Je serai fête, instrument et musicienne. Je serai professionnelle, accomplie et fière, fière comme jamais. Je me tiendrai droite, mais saurai m’incliner quand il le faudra. Je n’oublierai jamais les gens que j’ai aimé et qui m’ont aimée. Je serai celle dont j’ai toujours rêvé.
"Les femmes ne sont guère changeantes ; elles restent elles-mêmes, jusque dans leur contradictions."*Henri de Régnier

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Wow ...c'est très intense !J'adore ton blog :) félicitation , et malgré le fait que je ne laisse pas souvent de commentaire , moi je lis en silence ;)

Valérie a dit...

Merci Bibi! C'est toujours bon de savoir que les gens nous lisent :)
Ça fait toujours plaisir!!